L’autobiographie entre le texte et l’image

Ce volume est issu d’une thèse de doctorat intitulée L’Autobiographie entre le texte et l’image, dirigée par Madame le Professeur Rodica Pop et soutenue au mois de septembre 2013 à la Faculté des Lettres de l’Université Babeş-Bolyai de Cluj-Napoca, dans le cadre de notre collaboration avec le Centre d’Études des Lettres Belges de Langue Française.

Si nous avons gardé les hypothèses critiques et le paradigme de recherche avancés dans la thèse – dont l’actualité est confirmée par quelques parutions récentes dans le domaine des études autobiographiques (le monumental Dictionnaire de l’autobiographie de 2017), du cinéma autobiographique (J. Goursat, Mises en Je : autobiographie et film documentaire, 2016) ou des rapports entre récit de soi et photographie (F. Arribert-Narce, Photobiographies, 2014) –, nous avons considéré nécessaire de nuancer certains de nos propos à la lumière de nouvelles études publiées ces dernières années (surtout au niveau de la narratologie transmédiale et de l’automédialité), sans changer radicalement l’angle d’approche de ce phénomène de circulation du récit de soi entre littérature, film et photographie. Comme les œuvres abordées jalonnent l’intervalle 1964-2002 et que notre délimitation du corpus visait uniquement des auteurs ayant adopté un autre média pour continuer un récit autobiographique littéraire, nous n’avons pris en compte ni l’espace numérique, ni l’art contemporain. Nous espérons toutefois que nos recherches pourront inspirer d’autres analyses ciblées sur les formes hypercontemporaines de figuration de soi.  (…)

Andrei Lazar

(…) Comme le titre l’indique, la problématique abordée se situe dans un entre-deux autobiographique, elle relève plus précisément de la dynamique interrelationnelle et interactionnelle entre « écriture » et « captation photographique et filmique ». Un travail ambitieux et courageux qui se propose de « réévaluer les rapports entre littérature, photographie et cinéma dans le cas spécifique de l’autobiographie et de mettre en question les délimitations théoriques et génériques qui s’y rattachent ». Un travail stimulant, créatif et exigeant, nourri de vastes lectures  appartenant à de champs disciplinaires variés, depuis les études littéraires et culturelles jusqu’aux études d’iconologie et de médiologie. Nourri également de longues heures de visionnage, d’annotations, d’archivage du corpus filmique. Le choix des auteurs pourrait surprendre par le caractère inédit, ce sont des noms consacrés, pour la plupart mondialement reconnus, très différents quant à leur écriture, leur vision du monde et qui n’ont jamais été associés dans cette configuration : Jean-Paul Sartre, Marguerite Yourcenar, Roland Barthes, Jacques Derrida, Hervé Guibert. Le corpus textuel est doublé de transpositions visuelles (intégrales ou fragmentaires), car ces auteurs de récits autobiographiques ont participé également, d’une manière ou autre, à la réalisation des productions filmiques et photographiques (documentaires autobiographiques, interviews filmées, album de photos de famille légendées). Historiquement, deux dates balisent cette entreprise d’exploration de l’autobiographie intermédiale : 1964, la parution du volume Les Mots de Jean-Paul Sartre et 2002, la date de la réalisation du film Derrida par Amy Ziering Kofman et Kirby Dick. (…)

Rodica Lascu-Pop